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Victor Morelon

9 septembre 2010

Changement d'adresse.

Canalblog ne répond pas à mes attentes, de plus la présence de publicité me gêne vis-à-vis de vous et de moi. je vous renvoie à ma nouvelle adresse : http://victormorelon.ek.la/

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9 septembre 2010

Sang.

Je sens que coule en moi
Comme un troupeau de vers bien ordonnés, en rangs
De cent par cent par centimètre
Des cafards qui agitent mandibules
Dans tous les sens, et les sens en folie
Ce sang.

9 septembre 2010

En moi, vous avez afflué Vous m'avez étranglé le

En moi, vous avez afflué Vous m'avez étranglé le coeur je n'avais plus que la rancoeur Contre la foule et ses huées Et puis vous m'avez dénué Du sens commun, sur les vainqueurs Avez piqué, inquisiteurs Les avez pris dans vos nuées. Oui, mes bienfaitrices, vengez Celui qui vous jette son âme Comme un maître donne à manger Détruisez sans tristesse vaine Les instigateurs de mes drames Ceux qui ont mérité ma haine.
7 septembre 2010

Laure

Laure se ruait hors de la cour de son lycée quand elle trébucha sur un des pavés déchaussés de l'entrée du bâtiment. Sa chute était pathétique, et le temps sembla se figer pour que la jeune fille un peu boulotte puisse mesurer l'humiliation qui mettait un point final à une horrible journée.

 

Elle s'écrasa de tout son long sur les pavés. Une chute anodine, qui ne laisserait que quelques ecchymoses incertaines aux bras et un vague à l'âme de plus pour ce qui semblait se dessiner dans le futur proche comme une soirée de mélancolie. Elle était trempée de cette averse qui semble devoir nous accompagner dans les pires moments de notre vie, pour nous apporter notre dose de pathos.

Elle prit le bus en essuyant les larmes dans un effort pour masquer les pleurs déjà camouflés par la pluie. Un vieux un peu plus éveillé que les autres tenta de mêler son regard d'étonnement et de compassion tout en essayant de croiser celui de Laure pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas tout à fait délaissée, comme il supposait qu'elle le pensait. Elle le haït pour cette sympathie déplacée. Comme elle ne voulait pas que ça se voie, elle lui fit un sourire qu'elle voulait rassurant, mais elle ne se rendait pas comptes que ses yeux étaient deux petites îles de tristesse qui démentaient d'un petit océan de larmes les rives de son sourire. Le vieux détourné la tête; la mission qu'il s'était attribuée semblait accomplie. Laure observa cet homme voûté, contempla avec dégoût les tâches de vieillesse qui constellaient ses mains. Elle jeta un œil à ses mains sur lesquelles ses larmes avaient séché et pensa que vieillir était un sort peu enviable, bien que commun. Elle se prit un peu de pitié pour l'homme avant de descendre du bus en l'oubliant à jamais.

Elle devait encore marcher quelques centaines de mètres avant de franchir la porte de son immeuble. Cela lui faisait du bien de marcher sous la pluie, même si elle regrettait d'avoir oublié son parapluie. Les gouttes lui apparaissaient comme un brouillard de larmes qui épaississait celui qu'elle avait au regard. Une preuve qu'elle n'était pas la seule à pleurer, peut-être. Elle sortit un paquet de mouchoirs, mal fermé, de sa poche, et pesta contre cette même pluie qui lui interdisait un nez propre. Elle arriva enfin chez elle, et profita de l'intimité de l'ascenseur pour appuyer sa tête contre le miroir qui ornait le plus large mur de la cabine. Elle sanglota encore un peu, renifla dans un bruit d'aspiration gênée, et entra dans son appartement. Des traces de sueur et de pleurs maculèrent quelques heures le miroir, le concierge les effacerait plus tard en grommelant contre ces enfants qui lui étaient source de travail supplémentaire.

Lorsqu'elle entra dans sa chambre, une petite pièce aux murs rosâtres et aux meubles noirs, elle faillit bondir de surprise en voyant que quelqu'un y était entré. Un garçon, qui se tenait au milieu de la pièce, pas très grand, maigre. Ses cheveux noirs lui tombaient avec résignation sur des yeux de la même couleur. Il leva la tête et parla.

 

« Bonjour, Laure. Je m'appelle Mélan.

 

- Mélan?  demanda Laure, étonnée par l'étrange prénom du garçon.

 

- Mon père voulait une fille qu'il appellerait Mélanie. Il est mort avant ma naissance et ma mère m'a donné ce nom bizarre.

 

- C'est encore joli... »

 

Curieusement, la présence de ce garçon dans sa chambre ne l'inquiétait pas. Il avait l'air gentil, avec son sourire que surmontaient les cernes de quelqu'un qui dormait d'un sommeil rare et peuplé de rêves désagréables.

 

« C'est gentil. Tu n'as pas l'air d'avoir passé une très bonne journée. »

 

C'était dit tellement naturellement et gentiment que Laure sentit une vague de tristesse refluer dans sa gorge et lui obstruer la voix. Quelques larmes coulèrent sur ses joues.

 

« Excuse-moi, dit Mélan. Je ne voulais te faire pleurer. Tu en as sûrement eu plus qu'il ne faudrait pour une fille comme toi.

 

-Ce n'est pas ta faute, répondit-elle un peu précipitamment. Elle sembla soudain réaliser. Comment me connais-tu?

 

-Je te connais depuis bien longtemps, je suis dans ton école depuis deux ans, mais je suis d'un naturel discret. Je t'ai souvent observée, et vu les autres filles de ta classe te traiter comme quelqu'un d'inintéressant. Les idiotes.

 

-Mais pourquoi es-tu venu jusque chez moi?

 

-Je ne me sentais pas spécialement bien, et je voulais parler avec quelqu'un qui me comprenne un peu. C'est rare de pouvoir se sentir compris. »

 

Laure était déboussolée. Un garçon qui semblait lire en elle comme dans un livre, sensible, qui ne la considérait pas comme un gros sac magique à extraire des devoirs de français, c'était irréel. Mais elle avait envie de lui parler.

 

« Moi non plus, je ne vais pas très bien. J'ai presque envie de mourir, je me sens tellement seule.

 

-Il ne faut pas dire ça. La vie est précieuse. On a parfois envie de disparaître  quelques jours tout en pouvant voir la peine de nos proches. Ça n'est pas très sain, mais tout le monde en rêve. Tu n'es pas toute seule à te sentir incomprise. »

 

Mélan descendit les escaliers. Le concierge, occupé à nettoyer le miroir de l'ascenseur, ne le remarqua pas. Au dernier étage, dans un appartement à la porte ouverte, le cadavre de Laure souriait tandis que deux petites larmes s'évaporaient. La pluie battait contre les vitres.

 

7 septembre 2010

- Te souviens-tu ce corps qui tomba des remparts?
- Non, c'était effrayant, je ne m'en souviens pas.
- Tu as donc oublié les cris de ce moutard?
- Non, je ne m'en souviens ni n'en tire de joie.
- Quand nous avons rempli la ville de soudards?
- Je m'en souviens, le foutre était devenu loi.
- Un ordre était un ordre, allons, il se fait tard.
- Allons nous coucher. Elle m'a bien plu, Troie.

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7 septembre 2010

Troie.

Hector part au travail

Il embrasse sa femme et son petit garçon

Le brouillard sur la plaine ne dit rien qui vaille

Bientôt les cris mourront.

3 septembre 2010

La vie s'écoule au creux de nos mains entrouvertes
Et nous sommes plus vides qu'un escargot mort
Il ne nous reste plus qu'à prendre un verre encore
Et plus qu'à balayer nos illusions désertes

La vie s'écoule au creux de nos esprits morbides
L'ennui se noie, bien glauque, il glapit et puis grogne
Devant nos souvenirs empestant la charogne
Mais dieu que c'est triste quand mon verre est vide.

La vie s'écoule au creux de nos yeux délavés
Dans ces coeurs déjà vieux de ne vouloir vieillir
Mais la peur de mourir n'épargne pas le pire
Refusons cette vie qu'on nous veut assumer

La vie s'écoule au creux de ton cou de lumière
J'y agrippe mon bras lorsque nous titubons
C'est idiot, mais sans ça je sombre pour de bon
Tu me gifles, tu cries que c'était la dernière

La vie s'écroule au fond de cet ultime verre
Ce soir mes mains, mes yeux, mon esprit et mon coeur
S'en vont dans la boisson abreuver leur douleur
Ce soir je bois, je bois encore une dernière.

3 septembre 2010

I
Nuit.
Du bruit.
Quelques vies.
Quelques ennuis.
Des verres remplis.
Puis vides, puis remplis.
Un fracas, du bruit, aussi.
Des voix qui se changent en cris.
Un crâne qui craque près d'un lit
Un homme, dans ses mains sa tête enfouie.
Il    regarde    une    dernière    fois    la    fille.
Cet homme court, et vous savez bien ce qu'il fuit.
Ne faites pas croire que vous n'avez pas compris.
Il ne faut surtout pas que vous ayez pitié de lui.
Il lève vers un ciel déjà trop clément des yeux tout gris.
Alors qu'autrefois ils étaient ténébreux comme la suie.
Ce  n'est  plus  que  de  la  cendre  balayée  par  la pluie.
Eparpillée au vent, que la neige dévoile et que le vent détruit.
Il court encore plein d'espoir et sans se douter que pour lui, c'est fini.
C'était un homme devenu porc de n'avoir vu en les femmes que des truies.
Nous  aurions,  avouons-le,  du plaisir  à  le  voir  livré  à  la  foule  en  furie.
Et  retentiraient  en  nous  des  cris  dictés  à  la  fois  par  la  justice  et  la  folie
Une  phrase  d'enfant  que  celle  qui  à  jamais  s'est  tue  aurait  dite  à  cet  homme-ci
Bien fait pour lui! Bien fait pour lui! Bien fait pour lui! Bien fait pour lui! Bien fait pour lui! Bien fait pour lui!
Aurions-nous  raison,  nous  qui  nageons  dans  la  colère,  le  coeur  transpercé  par  un  pic  de  douleur?

3 septembre 2010

Un rêve normal.

Je viendrai à ta porte crever comme un chien
Mort de n'avoir ni faim ni soif ni même envie
De rien du tout. Pour toi l'amour, cette exuvie,
Disparaîtra quand il n'y aura de lui plus rien.

Il t'écoutait et torturé par ta présence
Il a langui bien plus que toi lorsque ta voix
L'a poignardé d'un coup trop doux et plein de toi
La lame aiguë lui imposa son lourd silence

Il a compris à ses dépens, ce pauvre enfant
Désemparé, déboussolé par l'injustice
De cet amour écartelé, ses cris emplissent
L'air vide et morne des campagnes, sous le vent

La larme coule il n'a jamais aimé si fort
Il s'écoule hors de lui-même et s'entredéchire
Comme ces mots qu'il n'a jamais pu te décrire
Il est à terre et ses yeux ne brillent encore

Que dans les tiens, tu y penses, je suis navré
D'être mort de toi, c'était stupide quand j'y pense
D'étendre par amour le feu de la souffrance
Il est trop tard pour te prier de n'y penser.

30 août 2010

L'enfant a rendez-vous avec les hommes
Il a vite enfourché sa bicyclette
L'enfant a rendez-vous avec le crime

Il a volé la drogue d'un bandit
Et va l'apporter à son chef de bande
Les rayons ensoleillent cette nuit

Dans les ombres un blanc paquet se paume
L'enfant arrive en abattant la tête
Sur son cœur qui bondit hors sa poitrine

Le grand se dresse devant cet enfant
Le vent hurle, et il lui brise les dents
Le blanc des yeux, les os qui vont et viennent

Et bientôt on ne voit plus rien. La nuit
A mangé l'enfant, l'obscure mâchoire
A refermé sur les os les dents le blanc des yeux ses dents noires.

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